La séduction du passé – De l’obsession psychanalytique pour la remémoration
Depuis son origine la psychanalyse semble obsédée par la remémoration. Ou, dans cette obsession, une réelle évolution se serait-elle tout de même déroulée ? En effet, de la découverte de Breuer et de Freud, que les symptômes hystériques disparaissent en évoquant le souvenir de l’incident déclencheur, à l’hypothèse de Bion selon laquelle la psychanalyse n’a que faire du passé, un véritable arc de tensions se déploie autour du statut du souvenir et de l’histoire de vie. Mais alors que tout a commencé avec des patients hystériques qui étaient séduits dans le passé, peut-être nous laissons-nous toujours séduire par le passé.
Au travers de l’histoire de la psychanalyse, j’examine quelle importance les psychanalystes attachaient au passé du patient et comment eux se comportaient concrètement à cet égard – et nous aujourd’hui. J’y distingue quatre « positions » successives face au matériel qui se présente dans les analyses : l’historisation, l’actualisation, la dés-historisation et la postériorité. Je pense que – malgré le déplacement global du souvenir, du centre vers la périphérie – que les quatre positions se maintiennent côte-à-côte. De la même manière que les histoires de vie individuelles, en psychanalyse, les expériences et visions nouvelles apportent aussi vie aux anciennes.
Traduction française disponible sur place