Ansermet et Magistretti: A chacun son cerveau (2004)


A CHACUN SON CERVEAU (Ansermet et Magistretti)

(résumé par Ph. Cattiez)


Avant propos
Les acquisitions nouvelles des neurosciences démontrent l’existence de la plasticité du réseau
neuronal, permettant l’inscription de l’expérience (Kandel, 2000). L’expérience laisse une trace.
Cette plasticité est à la base de la mémoire et de l’apprentissage. La trace mnésique induit
l’inscription consciente et inconsciente dans différents systèmes, aboutissant à la constitution
d’une vie psychique inconsciente.
Quelle relation existe entre trace synaptique et trace psychique ?
La trame des traces constitue une réalité interne consciente avec des souvenirs rappelables à la
conscience et une réalité interne inconsciente (RII) avec des souvenirs irrévocables, dans
l’inconscient. Ces traces s’inscrivent, s’associent, disparaissent, se modifient par la plasticité
cérébrale ; elles affranchissent un sujet de son déterminisme génétique.
De surcroît, la constitution de la RII n’est pas exclusivement psychique, mais met également en
jeu le corps !
Ch. I : Concept de plasticité
Toute causalité psychique est capable de modeler l’organique ; l’expression d’un gène peut être
déterminé par les particularités de l’expérience, d’où l’importance des facteurs épigénétiques.
Dans le fonctionnement des gènes existent des mécanismes destinés à laisser une place à
l’expérience : l’individu est génétiquement programmé pour ne pas être génétiquement
déterminé !
L’incidence de l’environnement et de l’expérience opère entre le génotype et son expression
phénotypique.

1) génotype -> phénotype réductionnisme

2) environnement
interactif

génotype -> phénotype

3) génotype Environnement plasticité
plasticité où génotype et environnement

phénotype sont hétérogènes mais parallèles

La plasticité se situe à l’intersection de deux ordres hétérogènes qui se rejoignent du fait de la
plasticité tout en respectant l’existence des éléments qui n’auraient rien en commun.
Ch. II : Etablissement d’une trace
“ Imaginez-vous un soir de Noël, … ”
Une situation provoque des informations instantanées et des évocations d’autres Noëls.
La perception laisse une trace (Freud dit que la perception laisse un signe :Wz = Wust-
Zeichnung) qui devient mémoire.
En physiologie, l’information passe d’un neurone à l’autre de façon modulée, tel un rhéostat (pas
binaire). Et l’information s’enregistre de façon durable par des traces à la fois moléculaires et
aussi cellulaires.
Le cerveau possède 100 milliards de neurones et chaque neurone compte dix mille synapses : au
total : un million de milliards de connexions.
Dans les synapses, les neurotransmetteurs (NT) se libèrent en quantité variable, car selon le degré
d’activation, un nombre variable de vésicules fusionnent avec la membrane axonale postsynaptique
pour libérer dès lors une quantité variable de NT (rhéostat).
Au niveau pré-synaptique (du corps cellulaire du neurone jusqu’au bout de son axone) :
La polarité intracellulaire se situe de –60 à –90 μV car le milieu externe est enrichi en Na et Ca.
2
Le neurone est activé par le passage de Na de l’extérieur à l’intérieur : durant 5 msec, l’intérieur
du neurone se positive d’environ –70 μV à + 60μV soit une dépolarisation de 130 μV ; celle-ci se
propage le long de l’axone et constitue le potentiel d’action (PA).
Ce PA prend naissance à la jonction entre le corps cellulaire du neurone et le début de son axone,
et il se propage jusqu’à la terminaison de l’axone où le PA favorise l’entrée de Ca au niveau de la
terminaison axonale. Là, plus la concentration de Ca entrant est élevée, plus important sera le
nombre de vésicules de NT libérée dans les synapses.
Au niveau post-synaptique (dendrite du neurone suivant) :
Deux types de récepteurs post-synaptiques : récepteurs ionotropes et récepteurs métabotropes.
Les récepteurs ionotropes (céation de canaux) – quantitatif :
Ils créent des canaux avec transports d’ions + (cations Na, Ca) ou d’ions – (anions Cl).

  • Le glutamate favorise le transport de cations, et rend la transmission plus excitable : genèse
    des potentiels post-synaptique excitateurs (PPSE).
  • L’acide gamma-amino-butyrique (GABA) favorise le transport d’anions et rend la
    transmission moins excitable : genèse des potentiels post-synaptique inhibiteurs (PPSI).
    Les synapses à récepteurs ionotropes constituent 90% des synapses ; ils sont de faible amplitude :
    de quelques μV.
  • si les PPSE dominent, le neurone efférent sera dépolarisé et un PA sera déclenché au niveau
    de son axone
  • si les PPSI dominent, le neurone efférent sera hyperpolarisé et un PA sera inhibé au niveau de
    son axone
    Sur un neurone, on observe une sommation spatiale lorsque plusieurs synapses recueillent des
    PPSE simultanément; et une somation temporelle lorsque une seule synapse recueille plusieurs
    PPSE en un temps restreint.
    Les sommations de ces PPSE cumulés génèrent un PPSE de plusieurs dizaines de μV.
    Les récepteurs métabotropes (activation des enzymes) – qualitatif :
    Pas de canaux ioniques mais activation d’enzymes, enzymes responsables de la formation de
    messagers secondaires (par opposition aux NT : messagers primaires) qui agissent doublement :
  1. les messagers peuvent prolonger de quelques msec le temps d’ouverture des canaux ioniques :
    on observe alors une augmentation du passage d’ions, ce qui induit dès lors une augmentation
    de l’efficacité des NT.
  2. les messagers peuvent mobiliser des récepteurs ionotropes en réserve, ce qui enrichit la
    membrane post-synaptique en nombre de neurorécepteurs : on observe alors une
    augmentation du nombre de récepteurs et dès lors une augmentation de l’efficacité des NT.
    Ces mécanismes peuvent s’exprimer de manière durable et donc peuvent aussi modifier de
    manière permanente le transport d’information à une synapse : établissement d’une trace.
    Les traces sont à la base de la mémoire, de l’apprentissage, mais surtout des réponses adéquates
    modulées par le contexte ; ces traces constituent la mémoire procédurale, càd une mémoire nonconsciente.
    “ Imaginez-vous un soir de Noël, … ”
    Une situation provoque des informations instantanées (A) et des évocations d’autres Noëls (B).
    “ … dindon de la farce … ” : il y a un glissement associatif supplémentaire (C) sans
    correspondance, ni avec la perception présente (A) ni avec l’évocation mnésique (B).
    Ch. III : Fantasme
    Au début, Freud imaginait que les troubles psychiques avaient une étiologie traumatique suite à
    un épisode de séduction.
    Il suffisait au travail analytique de révéler ce traumatisme en le rendant conscient, ce qui le libère
    de ses effets contraignants.
    D’où l’idée de la catharsis sur le modèle de l’hypnose ; mais rapidement il réalise que rendre
    conscient n’est pas efficace.
    3
    Voyage en Italie : il visite Venise, San Geminiano, Sienne, Pérouse, Assise et veut aller à Rome.
    Mais une inhibition l’arrête au lac Trasimène.
    A ce moment, il rejette la théorie de la séduction : pas de nécessité d’un événement qui se soit
    produit dans la réalité, mais une construction imaginaire peut suffire pour provoquer un malaise.
    Il y a un déplacement de la réalité traumatique à un fantasme : des stimuli internes peuvent
    également marquer la vie psychique, d’autant plus qu’il n’existe “ aucun indice de réalité ” dans
    l’inconscient.
    Hannibal : héros sémite
    Souvenir du récit de son père : un Chrétien jette son bonnet en criant “ Juif, descends du
    trottoir ”, et le père s’exécute ; Freud voit là une destitution de la figure du père, en opposition à
    ce qu’Hamilcar avait demandé à son fils de le venger des Romains.
  • Freud a dû se compromettre, comme son père, vis-à-vis de Chrétiens, pour défendre son
    dossier afin de devenir professeur.
  • Hannibal ne s’est pas rendu à Rome, il ne s’est pas permis de venger son père, d’aller au-delà
    de ce qu’a pu le père, de le dépasser.
    Il y a une différence entre la réalité des faits et la réalité psychique.
    Il n’y a pas de rapport entre l’expérience et la trace laissée.
    On constate des processus de fusion, déformation, aboutissant à une falsification de la scène
    réelle, et ces processus constituent le fantasme.
    Ce n’est plus l’expérience vécue mais une série de fantasmes qui déterminent la vie psychique.
    La connexion avec l’événement devient inaccessible, ceci par les mécanismes de plasticité.
    Freud ne recherchera plus l’étiologie de l’événement, mais il s’intéressera au monde du fantasme.
    Le fantasme nourrit la conscience au même titre que les perceptions. L’événement incident peut
    donc être aussi interne, sorte de perception endopsychique.
    Ch. IV : Détecteurs de coïncidence – Gleichzeitigkeit
    L’apprentissage associatif est le fait de constituer des associations entre des évènements.
    Le modèle est le conditionnement classique de Pavlov : un stimulus déclenche une réponse
    mesurable. Exemple du chien qui salive à la présentation de nourriture ; puis si l’on associe la
    nourriture au son simultané d’une cloche, il finira par saliver au seul son de la cloche en
    l’absence de toute nourriture. La nourriture est le stimulus inconditionnel (SI) et la cloche est le
    stimulus conditionnel (SC) : il est nécessaire que SC précède de peu le SI, impératif de la
    coïncidence temporelle.
    Aplysie : un choc électrique sur la queue (SI) provoque une réponse qui consiste en une rétraction
    de la branchie ; si l’on associe simultanément un jet d’eau sur le siphon (SC), après
    conditionnement, l’aplysie rétracte sa branchie au seul jet d’eau (SC) en l’absence de choc
    électrique (SI). Une forme de mémoire s’est constituée.
    Rat ; on administre au rat un choc électrique désagréable (SI) ; puis au choc, on associe
    simultanément le son d’une cloche (SC) ; après conditionnement, le rat développera une conduite
    d’évitement au seul son de la cloche (SC), en l’absence de tout choc électrique (SI).
    On observe, au niveau de l’hippocampe (centre de la mémoire) du rat, des bouffées électrophysiologiques
    au simple son de cloche, alors que ces bouffées étaient absentes avant le
    conditionnement. On a induit une mémoire synaptique durable.
    Mais après apprentissage, on peut également faire en sorte que le SC soit non plus le son, mais
    que celui-ci soit substitué par une stimulation électrique directe de l’hippocampe, par stimulation
    à haute fréquence (SHF), soit 100/sec.
    Si l’on conditionne en provoquant 50 stimulations à 100 Hz au niveau de l’hippocampe, ces SHF
    additionnées provoquent une augmentation des réponses post-synaptiques et une potentialisation
    à long terme (PLT) s’établit : l’efficacité synaptique de ce circuit hippocampique et été modifiée
    de façon durable et une trace synaptique a été enregistrée.
    Mais la PLT ne se manifeste uniquement qu’aux seuls synapses établies par les terminaisons
    axonales des afférences conditionnées par les SHF ; il ne s’agit pas d’une modifications globale
    4
    de l’excitabilité du neurone post-synaptique ; il s’agit d’un phénomène limité spatialement aux
    synapses conditionnées.
    Les SHF provoquent des PPSE qui s’additionnent dans le temps : sommation temporelle.
    Mais les SHF peuvent également activer plusieurs axones à la fois et provoquer des PPSE qui
    s’additionnent dans l’espace : sommation spatiale.
    Les sommations temporelles et sommations spatiales provoquent une dépolarisation massive du
    neurone post-synaptique.
    Les axones des circuits du SI et du SC convergent vers un seul neurone post-synaptique, en
    convergence spatiale et coïncidence temporelle : les neurones qui sont actifs en même temps sont
    ceux qui établissent des associations entre eux (“ neurons that fire together, wire together ”).
    Le neurone sur lequel convergent des circuits activés par des évènements associés (SI + SC)
    opère comme un “ détecteur de coïncidence ”.
    Les neurorécepteurs sont essentiellement des récepteurs au glutamate : AMPA et NMPA :
    ionotropes (ouverture transitoire de quelques msec d’un canal avec passage d’ions).
    Activation des récepteurs AMPA : entrée d’ions Na ; ce processus rend le potentiel de membrane
    du neurone post-synaptique moins négatif et génère un PPSE. Mais cette dépolarisation est
    modérée et est observée par un stimulus physiologique (SI).
    Activation des récepteurs NMDA : le neurone sur lequel se trouve le récepteur NMDA doit avoir
    été préalablement dépolarisé, car s’il n’est pas dépolarisé, le canal du récepteur est bouché par
    des ions Mg, alors qu’une dépolarisation préalable a fait sauter ce bouchon Mg, et le canal
    devient perméable aux ions Na et Ca. Or l’ion Ca est à la fois un ion positif mais aussi un signal
    intracellulaire qui déclenche des processus à long terme de plasticité synaptique.
    Ainsi pour que le récepteur NMDA soit actif, il faut deux événements simultanés : une
    dépolarisation préalable (dépolarisation post-synaptique) et du glutamate doit être lié aux
    récepteurs (activité d’éléments pré-synaptiques). Cela se produit quand deux circuits neuronaux
    (SI + SC) qui convergent sur le même neurone sont actifs simultanément : coïncidence spatiale et
    temporelle qui génère une forte dépolarisation, laquelle libère le récepteur NMDA du blocage dû
    à son bouchon Mg, et permettre l’entrée massive de Ca.
    Le récepteur NMDA joue le rôle de détecteur de coïncidence : coïncidence de circuits
    convergents (SI + SC) et coïncidence d’activités pré- et post- synaptiques.
    La concentration de Ca agit à court terme (en minutes) et à moyen terme (en heures, en jours,
    voire pour quelques semaines).
    A court terme, la calcium active une protéine : la calcium-calmoduline-kinase-II, à double
    action :
    1°. elle augmente la sensibilité du récepteur AMPA au glutamate,
    2°. elle augmente également le nombre de récepteurs AMPA au glutamate,
    d’où augmentation, et de la sensibilité, et du nombre ; d’où augmentation des PPSE : le transfert
    est facilité.
    A noter qu’à l’inverse, des stimulations à basses fréquences (SBF) empêchent la levée du
    bouchon Mg et provoque une dépression à long terme (DLT), avec diminution de l’efficacité
    synaptique.
    On voit donc que les stimuli extérieurs laissent des traces sous forme de modification de
    l’efficacité synaptique. De surcroît; les PLT provoquent des duplications des épines dendritiques,
    en plus de l’augmentation du nombre et de la sensibilité des neurorécepteurs.
    Par contre, la mémoire à long terme implique, non plus des mécanismes synaptiques, mais des
    mécanismes intracellulaires par le contrôle de l’expression des gènes.
    Ainsi, le gène lui-même est composé de séquences propres à l’expression même de caractères
    génétiques et d’autres séquences où se situent les “ promoteurs ” : ce sont ces derniers qui
    activent l’expression des premiers.
    5
    Les promoteurs sont comme des serrures, que l’on ouvre avec des clés qui sont les “ facteurs
    transcriptionnels ”. Un facteur transcriptionnel est le CREB, composé de deux parties.
    La première (C) est le Cyclic-AMP qui est le second messager (nb : Premier messager = NT) qui
    active la seconde partie (REB) qui est le Responsive Element Binding protein : c’est la protéine
    qui se lie sur l’ADN : à ce moment, l’ADN active l’expression d’un gène via l’ARN, et ce dernier
    génèrera une nouvelle protéine.
    De surcroît, toujours au niveau cellulaire :
  • contrairement aux idées encore récemment enseignées, on observe une neurogenèse toujours
    active : de nouveaux neurones peuvent se former à partir de cellules souches.
  • Intervention des cellules gliales (5 à 10 fois plus nombreuses que les neurones !), dont
    essentiellement les astrocytes : ces cellules intermédiaires entourent les neurones et leur
    fournissent le glucose nécessaire à partir des vaisseaux.
    Ch . V : du “ neuronal assemblies ” à l’assemblage de lettres
    Les mécanismes de facilitation synaptique sont restreints à une ou quelques synapses (et pas les
    10.000) au niveau de chaque neurone. Seules quelques synapses, par convergence spatiale et par
    simultanéité temporelle de l’activation, mettent en jeu les mécanismes de plasticité et de
    facilitation. Comment quelques synapses, 10, 100 même 1000, peuvent-ils représenter une
    expérience ?
    Imaginons même que 1000 synapses soient facilitées pour associer un sapin de Noël, consolidé à
    chaque 25 décembre, de même que par ailleurs chaque souvenir consolide le sapin. Ces 1000
    synapses correspondraient à un “ objet / événement ”, soit une expérience.
    A des éléments de la réalité externe correspond un modèle de structure de représentation
    neuronale ; il existerait une association dynamique d’ensemble de neurones (“ neuronal
    assemblies ”) définissant une constellation de caractéristiques particulières à un objet ou à une
    expérience ; càd une association dynamique et représentative de neurones constituant des
    “ métareprésentations ”. On observe pendant quelques msec une synchronisation entre réalité
    externe et ces ensembles de neurones.
    La réalité externe active un réseau de synapses, transitoires, et ce patron d’activité synaptique

synchrone correspond à une représentation ; il existe un codage précis de la représentation :

(Neuronal 1 2
assemblies) Réalité externe -> 5 -> représentation

3 4

Freud : W -> WZ -> UB -> VB -> Bw
Wahrnehmung -> WahrnehmungZeichen -> UnBewußt -> VorBewußt -> Bewußt
La première trace de la perception est le signe de la perception, avec coïncidence temporelle
(Gleichzeitigkeit), qu’il est possible de mettre en parallèle avec la trace synaptique, le signifiant

de Lacan, lequel provient de l’expérience externe qui est le signifié.

Expérience -> perception -> Signe de la perception Freud
Trace psychique
Expérience -> perception -> trace synaptique NeuroSciences
Expérience -> perception -> Signifiant Lacan
signifié
L’inconscient (UnBewußt) est une réinscription à partir de traces secondaires à partir
d’associations de traces primaires entre elles ; ces traces secondaires s’associent à leur tour pour
former une perception endopsychique, càd la RII, qui est totalement autonome par rapport à
l’expérience extérieure.
Si les signifiants sont associés à des signifiés de la réalité extérieure, ils sont également associés à
des signifiants de la réalité interne : on assiste aussi à la production de nouveaux signifiés. Ces
nouveaux signifiés sont totalement étrangers aux signifiés de la perception externe.
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Perception 1 trace1
Signifié 1 Signifiant 1 trace A
Signifiant A
Perception 2 trace 2
Signifié 2 Signifiant 2 trace B
Signifiant B nouveau Signifié X
Perception 3 trace 3
Signifié 3 Signifiant 3 trace C
Signifiant C
Perception 4 trace 4
Signifié 4 Signifiant 4
La métareprésentation d’une expérience correspond à la mise en résonance synchronique d’un
ensemble de synapses au niveau desquelles la facilitation s’est produite : ce pattern permet
l’inscription d’une trace.
Perception 1 trace1
Trace A
Perception 2 trace 2 nouveau Signifié X
Trace B éléments du scénario fantasmatique
propres à la RII de chaque sujet
Perception 3 trace 3
Trace C
Perception 4 trace 4
Le patron de facilitation synaptique (trace synaptique des neurosciences) correspond à une
représentation, mais également à un équivalent linguistique d’une séquence de lettres.
Oubli du nom Signorelli :
Signor Herr Herzegovine Bosnie Botticelli Boltraffio Traffoi, … acoustique
Le signifiant prime sur le signifié
Freud veut oublier le nom de son patient, mais c’est le nom du peintre qu’il oublie
Le signifiant, voire la lettre, fait éclater la problématique du sens.
Ch. VI : Amygdale (les états somatiques)
Quels rapports peut-il y avoir entre des représentations de processus conscients (ou rappelables à
la conscience) et inconscients (fantasmes) avec les états somatiques ?
Via les organes des sens, la réalité externe informe la conscience, mais cette stimulation active
aussi la RII propre à chaque sujet ; nous avons vu que la RII peut également activer des
représentations sans stimulation externe.
Exemple d’association libre : musique, Rome, pape, parkinson, fonds.
Mais parallèlement, des émotions accompagnent également la perception et le rappel à la
conscience des représentations.
Les émotions sont des sensations conservées sous forme de marqueurs somatiques du corps.
Les sensations sensorielles ou les représentations psychiques déclenchent des manifestations
somatiques agréables ou désagréables.
Un stimulus externe ou interne + un état somatique = émotion (XIXèS)
Le cerveau possède des circuits neuronaux qui opèrent comme “ transducteurs ” de perception en
émotion ; et une région joue particulièrement ce rôle : l’amygdale.
1) L’amygdale reçoit (via le thalamus) des afférences sensorielles primaires ; celles-ci se dirigent
surtout l’amygdale basolatérale (1/3 inf.ext) ; et ce noyau basolatéral se projette vers le noyau
basocentral (1/3 inf.int) qui se projette vers le circuit neurovégétatif qui lui-même contrôle le
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système neuroendocrinien (le système neurovégétatif contrôle le système hormonal afin de
maintenir l’homéostasie).
Plutôt que s’appeler “ autonomic nervous system ”, le système endocrinien devrait en fait se
qualifier “ automatique ” : des stimuli du monde extérieur activent, de façon non contrôlable par
la volonté, via l’amygdale, le système neurovégétatif, lequel provoque des réponses somatiques.
2) L’amygdale reçoit également les représentations internes rappelées à la conscience ; ainsi, le
cortex préfrontal se projette également vers l’amygdale basolatérale (1/3 inf.ext) .
Et via l’amygdale, l’état somatique est modifié par le système neurovégétatif et par le système
endocrinien. C’est le noyau corticomédian (1/3 sup) qui joue le rôle de transducteur, car il se
projette vers l’hypothalamus et l’hypophyse ; cet axe commande les voies endocriniennes.
1) Perceptions externes basolatérale neurovégétatif voies neuronales
amygdale
2) Représentations internes corticomédian hypothalamus voies endocriniennes
Le cortex sensoriel de la région insulaire scanne à chaque instant l’état somatique à partir de
voies intéroceptives, càd l’état somatique subséquent aux perceptions externes et représentations
internes, et l’insula se projette vers le cortex préfrontal, médian et latéral.
Réalité externe perception réalité interne consciente RII = fantasme
Etats somatiques Etats somatiques Etats somatiques
Ch . VII : das Ding (Intervention de l’Etat Somatique)
C o n s c i e n t I n c o n s c i e n t R I I
(3) Perception 1 trace 1
Signifié 1 (sein) signifiant 1
Trace AS
signifiant AS
(2) Perception 2 trace 2 2S
Signifié 2 (cri) signifiant 2 XS
(1) Etat somatique S
3S (état somatique qui marque
des traces d’emblée inconscientes)
perception 3 trace 3 (d’emblée inconsciente)
Faim (glycémie), soif (natrémie), …. Etats somatiques scannés par le cerveau
Qui détermine une perturbation de l’homéostasie , càd. un état de détresse qui provoque le cri
(1) Déséquilibre somatique
(2) Cri entendu par le nourrisson
(3) Sein de la mère (en simultanéité avec 1 & 2)
Expérience de satisfaction – par simultanéité entre déplaisir et action de l’autre (Gleichzeitigkeit):
Déplaisir (Hilflosigkeit) Action de l’autre (Nebenmensch)
Plaisir (décharge d’excitation)
(Gleichzeitigkeit)
Inscription de l’expérience
Pulsion vitale : l’état somatique (1) génère une pulsion vitale qui se résout dans le cri (2), et
au cri est associé (gleichzeitigkeit) le sein (3) : au déplaisir est associé le plaisir.
Par processus de transcription, le sein laisse une trace mnésique.
8
Cette trace mnésique implique l’objet sous forme de représentation, càd objet en son absence, en
terme freudien : hallucination d’objet.
Expérience primordiale: chose = objet ; la chose est le sein réel et l’objet est sa représentation ;
Chose = Objet = le sein réel = das Ding (Lacan)
Lors des expériences ultérieures: dissociation entre la chose initiale et sa représentation = objet ;
L’objet = représentation (grâce à l’expérience initiale de satisfaction) du sein qui devient un
nouveau signifiant, qui peut servir à l’expérience de satisfaction.
Plus tard, la seule présence de la mère est une expérience de satisfaction, et son absence devient
source de déplaisir, d’anxiété, l’enfant se calmera en suçant son pouce, puis par masturbation
CH. VIII : Fantasme (RII) + Etat somatique = Pulsion
L’état somatique désagréable provoque une décharge pour revenir à l’homéostasie , soit la
recherche du sein pour l’enfant puis la recherche d’un objet pour l’adulte. Cet objet est ce qu’il y
a de plus variable dans la pulsion, à condition qu’il convienne pour accomplir la fonction de
décharge et produire la satisfaction (déplaisir – plaisir).
$ ◊ a : le fantasme est le montage qui noue le sujet à l’objet méconnu de la pulsion.
Un état somatique déclenche une pulsion, qui doit trouver un objet pour se décharger, objet qui
n’est qu’un tenant lieu de l’objet premier = la Chose, lequel objet premier est inscrit sous forme
d’absence dans la vie fantasmatique inconsciente.
L’objet du fantasme est propre à l’histoire de chaque individu.
La pulsion est générée certes par l’état somatique désagréable, mais peut l’être également par un
fantasme évoquant l’objet absent. Et l’activation d’un fantasme peut aussi provoquer un état
somatique désagréable et le scénario fantasmatique est propre à la RII de chaque sujet.
(A noter l’existence de fantasmes prototypiques : scène primitive, castration, séduction, …)
Un fantasme activé se connecte avec un état somatique et peut exiger une démarche qui courtcircuite
toute raison : par exemple, la violence.
A l’instar de la distinction l’“ eris ”, qui est la querelle entre ce qui est uni, et l’“ eros ”, qui est
l’union entre des dissemblables, il y a deux violences, l’une destructrice et l’autre constructrice,
l’une étant une violence de mort, négation de l’altérité, et l’autre, de vie, volonté de puissance.
Dualité entre la violence pour la pulsion de mort (thanatos) et la violence pour la pulsion de vie..
La violence n’est pas la nature animale de l’homme, son “ animalité ”. Dans “ malaise dans la
civilisation ”, Freud explique chez l’homme son besoin d’agresser, exploiter, abuser, humilier,
violer, le tout sans dédommagement.
Damasio reste dans le registre conscient des processus décisionnels : la perception (au niveau de
la réalité interne consciente) associée à l’état somatique provoque la violence.
Ansermet se situe dans le registre inconscient : le scénario fantasmatique (au niveau de la réalité
interne inconsciente) associée à l’état somatique provoque la violence.
En conclusion : aussi bien la réalité externe, que la réalité interne consciente et aussi la réalité
interne inconsciente (et le fantasme), sont des éléments qui associés à des états somatiques
provoquent la violence.
`
Ch. IX : Pulsion -> Action -> Objet
Compter des images d’animaux dans un lot d’images diverses.

  • soit on observe des erreurs “ acceptables ” au niveau conscient
  • soit on observe des erreurs dues à la RII (format° de l’Icst : lapsus, actes manqués, oublis)
    9.1) Un stimulus externe enclenche une action (1) en rapport direct avec le stimulus initial.
    Un stimulus externe peut activer la RII associée à un état somatique, ce qui provoque une
    pulsion, enclenchant une action (2) sans rapport direct avec le stimuluus initial.
    9
    Mais aussi provenant du fantasme + soma, cette pulsion peut parasiter le stimulus externe qui
    enclenchait l’action (1) et provoquer une action (1’), imprévue, telle un acte manqué.
    9.2) De plus, la RII + l’état somatique, autonomes, peuvent aussi provoquer, via la pulsion, une
    action (2), ceci sans stimulus externe
    9.3) De surcroît,, la RII + l’état somatique, autonomes, peuvent induire, via la pulsion, le
    parasitage de l’action (1) laquelle répond à un stimulus externe, et faire une action (1’).
    Les signifiants du fantasmes ne correspondent pas avec la réalité concrète.
    La RII est a-dimensionnelle : le passé se confond avec le présent, l’homme avec la femme, le soi
    avec l’autrui. Les lois de l’Inconscient sont celles des processus primaires.
    Rappelons le rôle du fantasme qui, associé aux états somatiques, déclenche la pulsion ; qui est
    une décharge afin de rétablir l’homéostasie.
    Le but de la pulsion est la satisfaction, et l’objet est ce en quoi la pulsion atteint son but.
    L’objet est des plus variables ; il se trouve noué au fantasme.
    La pulsion nécessite une action et un objet sans relation à la réalité externe. L’objet identifié de
    façon consciente et cognitive n’a rien à voir avec l’objet identifié par la pulsion provenant d’une
    exigence de la RII. D’où le malentendu : atteindre un but conscient et rester insatisfait …
    L’objet comme but du désir est du registre conscient, en opposition avec l’objet comme
    cause de désir, dans le registre de l’inconscient.
    9.4) La névrose : lorsque la pulsion ne trouve pas son issue, elle se retourne contre le sujet luimême,
    en stimulant en retour la RII, augmentant le déplaisir. Le mouvement pulsionnel qui
    s’origine alors de l’intérieur est vécu comme provenant de l’extérieur : le sujet est agit par luimême
    à son insu : on assiste à un transfert de la pulsion (interne) en un stimulus (externe). On
    assiste à un amorçage d’un cercle vicieux aboutissant à une action contrainte et contraignante : la
    névrose.
    Le travail analytique est de reconnecter le scénario fantasmatique à un état somatique congruent,
    ce qui déconnecte l’action parasitante.
    CH. X : Division entre la réalité externe et la réalité interne
    Rupture d’homéostasie -> excitation somatique + fantasme -> pulsion
    Décharge de la pulsion pour cesser l’état de déplaisir -> rétablissement de l’homéostasie.
    Parallèle entre : principe d’homéostasie en physiologie et principe de plaisir en psychanalyse.
    Le principe de plaisir est avant tout un principe de non-déplaisir. Pour Freud, le déplaisir naît de
    l’augmentation de la tension endopsychique ; le plaisir est associé à la décharge.
    La pulsion s’origine de l’association entre une dimension somatique qui est de l’ordre de la
    quantité (valeurs biologiques) et une représentation inconsciente qui est de l’ordre de la qualité.
    Pour Freud ainsi, les processus quantitatifs parviennent au conscient sous une forme qualitative.
    Le corps lui-même peut remplacer le monde extérieur en tant qu’origine du stimulus.
    D’où deux sortes d’expériences : celles de l’extérieur, via les organes sensoriels, et celles de
    l’intérieur, via les vois intéroceptives.
  • Principe d’inertie ; rétablissement de l’homéostasie, càd d’un état énergétique minimal
  • Principe de constance ; maintien de l’homéostasie, par réduction de l’excitation (son maintien)
    Le principe de plaisir est d’abord un principe d’inertie ; et le principe de plaisir, qui vise à
    décharger la tension, et au rétablissement d’un état énergétique minimal, serait réglé par un
    “ appareil préformé ”, un élément de la boucle neuronale ou endocrinienne.
    Allusion au frayage, qui est une voie instaurée, répétée et consolidée, favorisant un
    fonctionnement de type automatique, et par laquelle la quantité d’énergie en excès est vouée à
    s’écouler ; sans quoi, le dépassement de l’excitation deviendrait délétère. (REM ?)
    Un stimulus provenant de la réalité interne est identifié par le biais de la décharge pulsionnelle
    comme provenant de l’extérieur (le stimulus est perçu comme provenant de la réalité externe
    alors qu’il a son origine à partir de la RII – 9.4). Le sujet est divisé et se trouve confronté en
    parallèle à deux perceptions : celle provenant de la réalité externe qui est perçue comme réelle et
    celle provenant de la réalité interne et qui est perçue comme hallucinatoire.
    Deux destins de la pulsion : 1) physiologique : rétablir l’homéostasie ; 2) psychique : signaler au
    sujet l’existence de la RII
    10
    L’origine et le destin de la pulsion sont noués de façon vitale; les fonctions de protection sont
    aussi importantes que les fonctions de perception.
    La vie psychique est constituée d’une réalité interne consciente et d’une RII (10.2).
    La réalité interne consciente, avec la prise en compte de l’état somatique, aboutit, via des
    mécanismes cognitifs, à la décision menant à une action (1).
    La RII, en association avec les états somatiques, induit, via les mécanismes fantasmatiques, la
    pulsion menant à l’action (2).
    Mais l’action (1) et l’action (2) sont perçues comme stimuli externes.
    Le sujet est divisé ($) entre ces deux modes de perception : l’une en provenance du monde
    extérieur, et l’autre perçue hallucinatoirement comme externe mais en fait endogène (10.3).
    Le sujet divisé peut avoir l’intuition de cette division qui lui échappe, qui lui est énigmatique ; le
    sujet est divisé dans une dialectique entre le principe de réalité et le principe de plaisir (pulsion).
    La tendance à la décharge pulsionnelle est soumise à l’épreuve de la réalité (instance critique).
  • Le principe de plaisir apportant décharge est soumis au principe de réalité apportant critique.
  • Le principe de réalité procède des processus secondaires : il repose sur la contradiction, utilise
    la négation, reconnaît le temps et l’espace, permet la suspension, l’ajournement de la décharge
    par les processus de la pensée. Le principe de réalité permet un tâtonnement rectificatif.
    Pour Lacan, le processus primaire tend vers l’identité de la perception, alors que le processus
    secondaire tend vers l’identité de la pensée. La pensée permet l’ajournement de la décharge, mais
    elle reste néanmoins déterminée par la nécessité de la décharge et par la logique qui régit cette
    nécessité : l’inconscient , les processus primaires, le principe de plaisir.
    Chez le nouveau-né : que du somatique, sans représentation.
    Avec le Nebenmensch, par l’intervention de l’autre, des traces s’inscrivent, définissant les trajets
    pour ses pulsions. Les traces psychiques de la RII sont indispensables pour canaliser les états
    somatiques (biologisation par l’Isct du soma) ; sans l’association entre traces psychiques et état
    somatique, l’enfant deviendrait anorganique par retour à l’inanimé, sans principe de constance ;
    sans décharge canalisée, l’enfant est amené dans un état d’épuisement de la vie.
    En cas de déliaison entre le soma et des représentations inconscientes, la pulsion obéissant au
    principe de plaisir ne serait plus possible et on arriverait au-delà, soit une désorganisation
    primordiale, jouissance; inorganisation primordiale (envahissement des états somatiques), dans
    un état de désubjectivation, de destruction, ce que Freud appelle la pulsion de mort
    Ch XI : Emotion & Pulsion
    1) axe réflexe : un stimulus provoque une action: réponse motrice élémentaire
    2) à une perception est associé un état somatique, qui induit alors une émotion ; la boucle réflexe
    “ perception – action ” est fortement modulée par l’émotion
    3) La réalité interne est singulière : par les transcriptions successives, le signifiant, qui n’a plus
    de relation avec le signifié de la réalité externe, correspond à un nouveau signifié, la réalité
    interne étant constituée d’une chaîne de signifiants autres que la réalité matérielle.
    Un signifiant est associé à une réalité externe, mais aussi à un autre signifiant dans la réalité
    interne, en construction permanente, jusqu’à se couper du signifié initial.
    La réalité interne se construit par des enchaînements logiques autres que ceux de la réalité externe
    et par lesquels les signifiants s’organisent en scénarios qui correspondent aux fantasmes
    “ L’histoire est faite de vérité qui deviennent des mensonges, et la mythologie est faite de
    mensonges qui deviennent la réalité ” !
    L’histoire correspond à la perception de la réalité externe, qui se transforme en un fantasme,
    lequel correspond à la réalité interne, qui devient réalité pour le sujet.
    La réalité interne est perçue comme une réalité externe.
    Réalité externe + état somatique -> émotion (perception de la réalité externe; physio. sensorielle)
    Réalité interne + état somatique -> pulsion (perception de la réalité interne; physio. de l’Icst.)
    CH. XII : Diachronie – Synchronie
    L’expérience s’inscrit et laisse une trace ; cette trace est déterminante.
    11
    La détermination est fondée sur le plan synchronique par le remaniement du réseau neuronal
    correspondant à l’établissement d’une trace. Mais de remaniements en remaniements, la
    variabilité de réponses s’accroît, éloignant le sujet de ses déterminants : plan diachronique.
    Le processus épigénétique éloigne ainsi le sujet de sa détermination génétique.
    Le devenir ne serait ni déterminé, ni indéterminé, il serait plastique.
    Supposons ; S1 = S2 = S3
    La réponse A3 peut être égale à A1 et A2 mais peut être différente,
    car E’’ ou E’ peut être différent de E (E: états)
    S1 -> E -> A1
    T’
    S2 -> E’ -> A2
    T’’
    S3 -> E’’ -> A3
    t1 t2 t3
    Par la diachronie, un stimulus identique peut donner des réponses variables, selon l’état du
    système (en l’absence de plasticité, l’organisme fonctionnerait de manière déterministe).
    Mais il y a une certaine identité diachronique. La permanence diachronique permet la
    reconnaissance du sujet pour lui-même, son rattachement à une histoire qui lui est propre (sinon :
    états de confusion onirique, psychose, démence).
    Réalité consciente cognitive : séquence où chaque élément est en relation de causalité avec le
    précédent ; et ce qui est acquis de façon synchronique s’inscrit dans une chaîne diachronique.
    Réalité interne inconsciente : il y a synchronie et diachronie, continuité et discontinuité ;
    l’association de nouvelles traces au cours du temps amène des constructions imprédictibles.
    Déterminisme et imprédictibilité coexistent, car le temps est téléscopé (E=E’=E’’: coexistent).
    Cognitivisme : enchaînement diachronique des traces : l’apprentissage cognitif est séquentiel
    Fantasme : les traces s’inscrivent de manière diachronique (déterminisme) mais s’associent de
    manière synchronique , soit de manière imprédictible (exemple du trait d’esprit)
    La psychanalyse n’est pas qu’une anamnèse diachronique, car le réseau synchronique
    d’association constitue l’essence même du scénario fantasmatique (parasitage de l’histoire).
    Le traumatisme : “ maladie de la plasticité ” où le déterminisme diachronique s’impose à la
    potentialité imprévisible de la synchronie
    Le fantasme : une contrainte synchronique qui perturbe le traitement psychique de la réalité
    externe. Le sujet voit le monde à travers la lucarne de son fantasme, par double détermination :
    détermination diachronique liée aux traces de l’expérience et détermination synchronique liée aux
    associations opérées par le fantasme
    CH. XIII : Mémoire de travail parasitée par RII
    3 types de traces :
  1. Traces rappelables directement à la conscience (mémoire, apprentissage, …), qui se situent au
    niveau cognitif
  2. Nouvelles traces réarrangées par association sans lien avec les traces initiales, et qui
    échappent à la conscience
  3. Traces qui passent directement de la perception vers des systèmes non-accessibles à la
    conscience, et donc d’emblée inconsciente (au niveau de l’amygdale)
    Mémoire de travail : un système cérébral agit directement avec des perceptions immédiates en
    relation avec un stimulus externe, et aussi avec des traces mnésiques conscientes et
    inconscientes ; ce système cérébral est localisé dans le cortex préfrontal.
    L’inscription de traces qui s’associent à des états somatiques pour constituer une réalité interne se
    situe au niveau de l’amygdale. L’amygdale est activée par les systèmes sensoriels primaires (via
    12
    le thalamus); elle est en relation avec le système neurovégétatif et le système neuroendocrinien, et
    se projette vers le cortex préfrontal
    Le mémoire de travail est donc un système neuronal qui relie l’amygdale, le système
    neurovégétatif et le système neuroendocrinien, et le cortex préfrontal. Mais les traces qui
    s’inscrivent dans l’amygdale sont d’emblée inconscientes.
    Le scénario fantasmatique peut :
  • soit demeurer inactif et simplement mobilisable par la volonté consciente
  • soit demeurer actif en permanence, donnant un aspect contraignant à toute réalité perçue
    Exemple du feu rouge :
  • la mémoire de travail met en jeu des perceptions immédiates + des souvenirs, càd. des
    informations provenant de la réalité externe + des souvenirs contextuels inscrits dans la mémoire.
  • la mémoire de travail est transitoire : elle sert à l’exécution d’une action (transitoire).
    Mais il y a d’autres éléments, propres à la vie psychique, inconsciente, qui parasitent la décision.
    La RII contribue de façon déterminante à la prise de décision. La RII entre en jeu dans la
    mémoire de travail.
    Lors d’un stimulus, il y a le déclenchement d’une voie directe qui va vers le cortex primaire, via
    la thalamus, ceci de manière consciente ; mais il existe également une voie secondaire qui va, via
    le thalamus, vers l’amygdale, elle-même connectée aux systèmes neurovégétatifs et endocrinien,
    et qui relie donc les stimuli externes à des états somatiques, ceci d’une manière qui demeure
    inconsciente.
    L’amygdale active des traces inconscientes préalablement inscrites et les états somatiques
    associés, et met alors en action la pulsion.
    Ainsi, un élément de la réalité externe, à priori neutre, mais à forte prévalence activatrice des
    éléments fantasmatiques de la RII et des états somatiques associés, provoque une pulsion.
    Exemple de la pulsion sexuelle, à partir d’un objet fétiche ; autre exemple encore, celui de
    l’addiction, avec la réactivation de l’état de manque (craving : activation de l’amygdale et du
    cortex cingulaire antérieur).
    Le cortex préfrontal est le substrat neuroanatomique de la mémoire de travail : trois régions sont
    impliquées : le cortex préfrontal dorso-latéral, le cortex préfrontal moyen (ou cortex cingulaire
    antérieur), et le cortex préfrontal ventral (ou cortex orbito-frontal).
    L’amygdale est très connectée avec le cortex préfrontal cingulaire et orbito-frontal puis dorsolatéral.
    Par une autre boucle indirecte, l’amygdale est également reliée au cortex orbito-frontal,
    lequel est très sensibilisé, via l’insula, aux états somatiques.
    De plus, l’amygdale projette aussi vers les cortex primaires, ceux-ci fournissant à la mémoire de
    travail l’information de base sur la situation externe.
    En résumé, l’amygdale fournit des informations à partir du scénario fantasmatique directement à
    la mémoire de travail mais elle module la perception de la réalité externe transmise à partir des
    cortex sensoriels primaires jusqu’à la mémoire de travail.
    D’autre région que l’amygdale sont aussi impliquées, mais l’amygdale reste primordiale.
    La perception du monde extérieur provoque des traces mnésiques, via le thalamus, jusqu’aux
    cortex sensoriels primaires, puis dans l’hippocampe où se situe la mémoire explicite, accessible à
    la conscience.
    Mais ces mêmes perceptions peuvent aussi, via le thalamus, activer l’amygdale baso-latérale et
    consolider des traces inconscientes, constituant la mémoire implicite (13.1).
    Des traces peuvent être réinscrites par association et ne plus être en relation avec les perceptions
    externes qui les ont générées.
    Il existe en fait un équilibre subtil entre les traces mnésiques conscientes et les scénarios
    fantasmatiques inconscients.
    Pathologique est le poids prépondérant du scénario fantasmatique de la RII avec éloignement
    important du sujet des informations provenant de la réalité externe : la réalité interne devient un
    système de parasitage de la perception de la réalité externe.
    13
    Mais on peut également affirmer que la RII module la perception de la réalité externe aboutissant
    à un processus de jugement et d’action hautement individualisé, càd loin de l’uniformité.
    Ch. XIV : Refoulement – Angoisse
    L’Icst n’est pas une mémoire neuropsychologique : il est différent de la mémoire de travail, de la
    mémoire procédurale, de la mémoire explicite, de la mémoire implicite.
    Les traces mnésiques du scénario fantasmatique sont propres à l’Icst . L’Icst n’est pas une
    mémoire mais un système de traces mnésiques réaménagées. Ces traces mnésiques ne sont plus
    en connexions directes avec l’expérience initiale du monde externe. L’expérience initiale est
    perdue, il y a une discontinuité par rapport à la réalité. Les thérapies comportementales ne
    peuvent accéder aux associations des traces secondaires du scénario fantasmatique. On ne
    désensibilise pas un scénario fantasmatique par une TCC. L’Icst n’est pas une forme de mémoire
    . L’expérience initiale est enfouie, elle est masquée ; et elle devient une réalité qui est interne et
    inconsciente, cette RII qui est extrêmement active.
    L’expérience fantasmatique est un réaménagement de traces qui servent d’éléments constitutifs
    (“building blocks”) à la RII. Le réarrangement des traces du scénario fantasmatique produit une
    logique autre et constitue une première forme d’inconscient, un inconscient primaire, lequel est
    donc constitué de réaménagements de traces en éléments constitutifs (“building blocks”).
    La RII produit ses propres stimuli. La psychanalyse cherche à attraper des signifiants qui, en
    s’associant à d’autres signifiants, produisent une nouvelle trace inconsciente pour devenir un des
    éléments constitutifs (“building blocks”) de la RII (Building block = signifiant primaire).
    Le signifiant primaire est un signifiant à double face qui se situe entre la réalité externe et la
    réalité interne ; il se situe à l’interface de la réalité externe qui l’a produit et de la réalité interne
    dont il fait partie.
    Refoulement : Certains éléments du scénario fantasmatique n’arrivent pas jusqu’à la mémoire de
    travail ; ils restent retenus à l’intérieur de la RII car l’émergence à la conscience des motions
    pulsionnelles issues du fantasme cause un déplaisir insupportable : le refoulement n’est rien
    d’autre que l’évitement du déplaisir.
    Le refoulement, selon Freud, agit séparément sur les deux éléments de la pulsion ; il agit :
  1. sur le représentant de la pulsion (élément du scénario fantasmatique)
  2. sur le quantum d’affect (état somatique associé à la pulsion).
    Soit :
  3. Représentant de la pulsion : un souvenir non-désiré doit disparaître de la conscience En
    neurobiologie, on constate la suppression de souvenirs indésirables par activation des régions
    dorso-latérales préfrontales et par une diminution de l’activité de l’hippocampe. Mais un tel
    modèle ne concerne que les processus cognitifs sur lesquels s’exerce la volonté cognitive. Il
    est possible que des mécanismes analogues aux mécanismes conscients puissent intervenir
    dans le refoulement inconscient. Le refoulement des éléments du scénario fantasmatique
    inconscient se fait à l’insu du sujet ; et aussi, des éléments refoulés associés à des états
    somatiques significatifs peuvent aussi brouiller l’exercice d’une volonté consciente.
  4. Quantum d’affect (l’état somatique lié à la pulsion) : pour Freud, soit la répression peut
    provoquer la suppression de la pulsion, soit la pulsion se manifeste sous forme d’affect doté
    d’une coloration quantitative quelconque, soit enfin la pulsion est transformée en angoisse.
    Car le refoulement de l’état somatique est moins efficace (que le mécanisme de l’oubli
    volontaire mis en oeuvre dans le refoulement inconscient du représentant de la pulsion comme
    élément du scénario fantasmatique) et l’échec du refoulement induit anxiété et angoisse.
    1 + 2) Le refoulement du représentant de la pulsion (associé au scénario fantasmatique) réussit
    bien, au contraire du refoulement du quantum d’affect (associé à l’état somatique) qui suit alors
    un autre destin et se transforme en angoisse. Le refoulé fait retour.
    Certaines traces primaires issues de la perception du monde extérieur s’inscriraient directement
    de manière inconsciente sans passer par les associations et transcriptions secondaires : de telles

traces s’inscrivent dans les circuits amygdaliens.

Action
(3) Emotion, Angoisse, Anxiété
14
Refoulement Pulsion
(1) (1’) I (2)
I
Scénario fantasmatique_____ I_______Etat somatique
(1). Le refoulement agit avec assez bien de succès sur le scénario fantasmatique (représentant de
la pulsion de Freud)
(1’). Le refoulement échoue plutôt sur les états somatiques (quantum d’affect)
(2). Cet état somatique (quantum d’affect) est reconnu par le sujet comme émotion désagréable,
p.ex, sous forme d’angoisse
(3). En cas d’échec du refoulement sur le scénario fantasmatique et sur leurs états somatiques, la
motion pulsionnelle intervient en permanence dans l’action, et la perturbe.
Ch.XV. Genèse de la R.I.I. à partir du fantasme.
Qu’est-ce qui détermine les associations entre les traces primaires pour générer de nouvelles
traces qui constituent le RII ? Est-ce aléatoire ? ou bien le scénario fantasmatique a-t-il une
fonction, un nécessité psychique ?
1°) Le fantasme constitue une solution :
Il permet de penser l’impensable, le Réel (de Lacan).
Le fantasme est la solution que trouve l’enfant. L’enfant pense à partir de ce qui l’entoure, de son
corps ; il lui faut des solutions pour résoudre des situations contradictoires, impossibles à gérer.
Une injonction intenable oriente probablement le réseau d’associations du fantasme qui pourra
être en mesure de faire coexister plaisir et déplaisir. Le fantasme permet de se détacher de la
réalité. L’enfant voit le monde à travers la fenêtre définie par son fantasme. L’enfant peut
interpréter son succès par l’idée d’un échec et le déplaisir est une sorte de taxe, d’impôt à payer
pour ses succès.
Les processus d’associations de traces primaires vers la constitution de la RII n’est pas aléatoire,
mais répond à une économie intérieure qui permet de préserver envers et contre tout le plaisir,
quitte à y associer du déplaisir restant supportable.
Le fantasme est une solution à une question impossible issue de la confrontation du petit enfant à
un réel qu’il ne peut traiter subjectivement.
C’est le principe de plaisir-déplaisir qui règle les associations des traces primaires sous forme de
traces secondaires propres à l’organisation d’un fantasme, comme ruse à l’impasse
2°) Le fantasme n’est pas une solution, mais une contrainte = fantasme de fustigation

  1. Le père bat un enfant haï par lui-même : expérience consciente vécue comme sadique.
  2. Le père bat un enfant qui est lui-même : sadisme retourné en masochisme.
    Pulsion de mort où le plaisir est retourné en déplaisir et fait basculer au-delà du principe de
    plaisir : notion de jouissance, antinomique au plaisir, jouissance autodestructrice.
    L’image du père qui bat, l’image d’un enfant battu, et autres contextes, provoquent des traces
    primaires ; et ces traces primaires s’associent et forment des traces secondaires organisant un
    scénario fantasmatique qui ne correspond plus à la réalité externe, mais constitue une RII liée à
    des états somatiques, où le sujet est devenu victime, tout en jouissant.
  3. “ Un enfant est battu ” : désubjectivation : ni père, ni lui-même. Le sujet est devenu objet, le
    sujet est devenu l’objet de sa propre jouissance. Seule cette dernière version du fantasme accède à
    la conscience. Le fantasme n’est plus une solution, mais une contrainte aboutissant à un trait
    pervers. L’asservissement au fantasme provoque des solutions dysfonctionnelles.
    La plasticité permet au sujet de s’affranchir du fantasme : utiliser sa fonction comme solution
    plutôt que de se laisser asservir par lui ; le psychanalyste est le praticien de la plasticité !