Anne Verougstraete – L’art pour que les chambres d’écho ne soient pas des chambres sourdes
(Exposé pour le 50ième anniversaire de l’École belge de psychanalyse – Mai 2015)
Exposé de Anne Verougstraete, suivi de la réponse de Siri Hustvedt
De façon imprévue nous sommes confrontés à un vécu d’absence. Aujourd’hui, je me sens un peu La femme en bleu lisant une lettre du tableau de Vermeer. Je vais, en effet, lire une lettre. Elle est adressée à vous tous mais aussi à Siri Hustvedt, qui est absente. La psychanalyse n’est-elle pas, par essence, une expérience d’absence ? Habituellement nous nous empressons de lui donner une cause : l’objet perdu. Ou bien nous la réduisons à des figures repérables : la séparation, le deuil, la castration.
Ce matin, je propose que nous la laissions résonner en nous comme ce qui est le propre du travail des psychanalystes et des artistes. Faire ressentir que la moindre de nos « représentations » est déjà la relique d’une absence, que tout ce que nous appelons psychisme est tissé par l’absence. Cette absence – irréductible à un(e) absent(e) assignable – est constitutive du sujet humain (Pierre Fedida).
Qu’est-ce qui est en jeu pour l’homme d’aujourd’hui par le fait que « quelque chose comme l’art ou la littérature existe » ? Ne serait-ce pas justement d’entrer dans un espace littéraire ou plutôt dans une chambre d’écho, métaphorisation spatiale d’un temps de rencontre entre les mots et les choses (Maurice Blanchot). Ma présentation s’intitule ‘’L’art pour que les chambres d’écho ne soient pas des chambres sourdes’’. Elle invite à une descente vers la profondeur, à une approche de l’obscurité, à une expérience de soi dans la relation à l’autre. Mon texte est truffé de citations de Siri Hustvedt. Elles sont inscrites en anglais sur les images projetées avec la référence à l’ouvrage duquel elles ont été extraites. Pareil pour les œuvres d’artistes dont le nom est inscrit avec l’intitulé de l’œuvre sur les photos présentées. Ainsi chacun pourra se laisser faire par ce qu’il entend, voit et éprouve…
« Nous sommes tous les miroirs et les chambres d’écho les uns des autres1 », écrivez-vous, chère Siri Hustvedt. C’est dans nos corps que s’origine et se vérifie cette résonance. Tant en psychanalyse qu’en art, la chambre éveille la rêverie de l’intime, l’imaginaire des espaces où se vit une relation à soi, à autrui. En écho à l’analyse lente, méditative, toujours inachevée que vous faites dans Les mystères du rectangle de La Dame au collier de perle peinte par Vermeer, me vient d’emblée à l’esprit La femme en bleu lisant une lettre.
Elle est enceinte. Le haut de son corps se découpe sur une figuration non discernable des eaux de la Frise. Sa matrice est marquée d’un nœud à la hauteur du nombril. Une barre en bois sépare l’ensemble en deux espaces que relie toutefois la lettre qu’elle tient entre les mains. Son vêtement frémit de mouvements multiples. Est-elle affectée par ce que lui écrit un absent ? Sont-ce les mouvements de l’enfant en son sein qui partage son émoi ? Ce dialogue muet à plusieurs donne tout son poids aux choses: le coffret sur la table, les livres, le collier de perles. Il ombre de vibrations confuses la clarté que reflète le mur blanc. La densité habitée de cette chambre manifeste que quelque chose a lieu, elle fait résonner ce que vous appelez « la chambre d’écho de l’antique piscine2 ». Elle réveille les traces de la première configuration d’un territoire à l’intérieur d’un espace plus vaste, celles de notre séjour dans l’espace utérin en résonance avec le vécu maternel et le monde extérieur : « Je me dis soudain que ma mère était pour moi un lieu autant qu’une personne. […] c’était en ma mère elle-même que je me sentais à la maison. Il n’y a pas de vie sans un sol, sans un sentiment de l’espace qui n’est pas seulement extérieur mais intérieur aussi – des lieux mentaux3 ». « Le visage de ma mère, ses mains, son contact et sa voix ont résonné en moi toute ma vie et sont devenus des éléments d’un legs que j’ai apporté à ma fille, un héritage, qui est comme une musique dans mon corps, un savoir tacite donné et reçu au fil du temps4 ».
Une connivence est inscrite en ces lieux mentaux. Vestige précieux qui tisse souterrainement mais activement, en deçà « des formules explicatives et des surfaces symboliques toujours insuffisantes5 », un fond d’entente en nous et entre nous6.
Vous aimez les installations des Cellules de Louise Bourgeois parce qu’elles « nous offrent un accès enchanté à ces topos fragiles où se mêlent mémoire et fantasme7 ». Dans vos romans vous imaginez « des chambres plus petites avec, dedans, des personnages minuscules et d’autres un peu plus grands ». Récits muets qui nous entraînent vers ces lieux étranges et cachés en nous que sont les chambres d’enfant8: « Aucune ne racontait clairement une histoire. Elles étaient toutes aussi troubles que les rêves9, pourvues de petites fenêtres à barreaux ». Dans le corps elles10 font résonner l’attrait des lieux interdits et l’envie d’aller voir ce qu’il y a là-dedans11. « Chaque ‘’histoire’’ était éclairée de l’intérieur, afin de créer une lumière ‘’inquiétante’’ »12. Les Chambres de suffocation « figurent deux grands mannequins rembourrés, une malle et un personnage en cire assez glaçant qui pourrait être tombé d’une autre galaxie »13. L’art nous reconnecte aux affects et aux représentations de jadis.
Me revient en mémoire le cabinet de Freud où il vivait entouré de livres et d’œuvres d’art. Menacé par le nazisme, il n’a accepté de quitter Vienne qu’assuré par Marie Bonaparte qu’il serait reconstitué à Londres. Honneur aux lettres et aux arts !
Freud serait-il Freud s’il n’avait pas lu Sophocle, Shakespeare, Dostoïevski et Zweig, Schnitzler, Rolland avec lesquels il a correspondu ? Il n’a cessé lui-même de s’impliquer dans une écriture adressée à Fliess d’abord, à nous aujourd’hui, livrant ses rêves, son histoire, sa recherche. Autant de traits qui distinguent ses écrits de la “littérature scientifique” et permettent de leur reconnaître un “espace littéraire”14, récompensé par le Prix Goethe quelques années avant l’autodafé de ses livres.
En exposant dans l’intimité de son bureau l’art qu’il aimait, il mettait ses analysants en présence d’objets imprégnés des traces d’une autre conscience vivante. Ses statuettes, témoins d’un passé enfoui, lui donnaient-elles à entendre dans la parole de ses patients l’écho de l’Histoire de l’humanité ? Lui permettaient-elles de faire venir à la parole ce qui était jusque-là enfoui dans le silence ? En les donnant à voir à ses analysants, il leur offrait une part de lui-même et en inscrivant analyste et analysant dans une communauté de regard, il favorisait l’alliance thérapeutique.
Dans la chambre obscure de notre ciné-séminaire, la communauté de regard fait partie du dispositif. Sans commentaire préalable, nous commençons par regarder ensemble le film choisi par l’un de nous. Attitude à priori de nous laisser faire par le choix d’un autre et de penser à partir de ce qui est vu, entendu, éprouvé. Après la projection, celui qui a préparé la séance partage pourquoi il a choisi ce film, les séquences qui l’ont marqué, sa découverte du réalisateur et surtout la rencontre de son inconscient que le film mobilise.
Le travail sur le film La chambre verte de François Truffaut à partir de L’autel des morts de Henry James, a été occasion de rencontres transversales, également avec vous qui écrivez : « J’ai vécu pendant des années en compagnie des personnages et des récits de James, et ils ne me quittent pas. Ils font désormais partie de ce que je suis15 ». « Henry James savait qu’il était d’une difficulté déchirante de saisir dans les mots le flux de l’expérience, de résoudre l’énigme des sentiments et des actes humains, mais telle était précisément son ambition et moi, l’une de ses fidèles lectrices, je l’aime à cause de cela16 ». Une passion que vous partagez avec André Green qui considère que James lui est « devenu indissociable17 » et avec Winnicott qui reconnaît que la lecture de ses œuvres durant son service militaire dans la Royal Navy à bord du Lucifer, lui a permis d’aiguiser sa pénétration des patients dont il allait s’occuper. James affirmait: « L’art favorise l’extension de la vie, c’est le plus beau cadeau du roman18 ».
Et nous, pourquoi présentons-nous une œuvre d’art sur l’affiche d’annonce de notre colloque? Ce palimpseste laisse entrevoir des éléments d’une écriture initiale effacée et vient nous solliciter par les vibrations de sa couleur en des résonances trans-subjectives. Cette femme qui tourne intensément son regard vers nous, semble nous convoquer comme chambre d’écho d’une blessure qui ne peut se dire que si un lieu s’offre pour la recueillir. Quand la chambre est sans voix, l’art peut rendre possible un dire sur le trauma.
Je me souviens de vous, cher analysant. Quand vous êtes venu me voir, vous traversiez la vie sur la pointe des pieds de peur de provoquer une catastrophe, figé dans une immobilité intérieure et l’impossibilité de ressentir. Une œuvre d’art – Guernica de Picasso – hantait vos rêves. Vous me parliez de ces bouches ouvertes sans cris, de ces larmes qui ne coulent pas, de l’épée brisée… et puis de ces yeux qui vous regardent, à la fois de face et de profil, tellement humains mais si démultipliés… et de ces langues pointues de rage parce que les guerres font rage… Lesquelles, vous ai-je demandé ? Peu à peu vous avez constitué un récit grâce au tableau que Picasso a peint en réaction à la barbarie du bombardement de Guernica et à l’horreur de toutes les guerres. Les bras levés de la femme m’ont rappelé Tres de Mayo de Goya mais aussi votre récit, chère Siri Hustvedt, si bouleversant de sincérité dans La femme qui tremble. Votre façon de vous dire tout simplement force l’empathie du lecteur, l’amitié de celui qui se retrouve dans le miroir que vous lui tendez. A partir de votre propre expérience vous écrivez dans Elégie pour un Américain « que nous avons tous des fantômes en nous, et que c’est mieux s’ils parlent que s’ils restent muets19 ». Les artistes nous aident à incorporer dans nos histoires ce qui s’y inscrit des traumas de l’Histoire et nous obligent à ne pas être des chambres sourdes.
Dans votre beau texte Yonder, entre ici et là, vous exprimez combien vous avez été une chambre d’hôte pour des livres et des fictions qui ne font pas moins partie de vous qu’une grande partie de votre propre histoire20. Tant de personnages de romans se déploient en vous : « J’aime depuis l’enfance L’Alice de Lewis Carroll. Elle peut n’avoir été au début que des mots sur une page, aujourd’hui elle habite ma vie intérieure […] où elle continue à grandir et à rapetisser, et à se demander qui elle peut bien être21 ». En inventant une histoire, vous ouvrez une place au lecteur anonyme. En la livrant, vous permettez qu’une part de vous-même vienne s’inscrire dans la vie d’un autre et qu’elle résonne en lui en des échos à la fois singuliers et inédits. J’aime à vous citer : « La lecture est une activité intérieure. C’est le terrain intime où, comme le dit mon mari, ”deux consciences se touchent”. Deux inconscients aussi, ajouterais-je22 ».
En vous lisant le lecteur est transformé. Vos fictions provoquent l’imagination à se laisser aller, enrichissent la sensibilité, éveillent des associations inattendues, exhument des éléments primitifs et ignorés. En écrivant vous êtes, vous aussi, altérée. Car c’est avec une soif d’être au plus près de votre vérité que vous allez vers l’écriture: « J’ai peur d’écrire parce que quand j’écris je vais toujours vers le non-exprimé, le dangereux, l’endroit où les murs ne tiennent pas. Je ne sais ce qui s’y trouve, mais je suis attirée23 ». Il y a dans l’acte créateur une mise en déséquilibre qui est nécessaire, un appel vers autre chose. Lecteur et écrivain, analysant et analyste font face chacun à une mise en question personnelle qui les conduit à acquérir tous deux une dimension nouvelle.
Par leur caractère dialogique l’art et la psychanalyse induisent et réactualisent les effets des rencontres qui nous constituent. Tous nous sommes nés dans la trans-subjectivité24 d’une résonance brumeuse, émotionnelle et sensuelle25. C’est ce qui, je crois, fait que j’ai été tellement saisie par ce petit tableau de Zurbarán. Une rose déposée délicatement sur le bord d’une soucoupe en argent, reliée à ce qui en miroir se reflète d’elle, et déployant ses pétales comme des antennes alentours. Une tasse en porcelaine, stablement posée dans le creux de la même coupe, retenant en ses bords l’eau recueillie, ouvrant ses anses en deux arabesques offertes. Entre elles une circulation impossible à dire mais qui donne à éprouver le vivant du monde. Cette chambre d’écho n’exprime-t-elle pas ce qui dans le transfert et dans la cure permet de faire de chacun un peu l’artiste de lui-même ?
Response by Siri Hustvedt
Voici la réaction que Siri Hustvedt nous fait parvenir dans la suite de ce que je viens de vous donner à entendre, à voir et à éprouver. J’en prends connaissance à l’instant. Je suis touchée de lire combien ce qu’elle écrit est dans la ligne de sa pensée que « l’art favorise l’extension de la vie ». C’est dans l’espace de l’”entre” que naît la résonance, advient ce qui fait rencontre et se tissent, de part en part, nos liens.
Anne Verougstraete
This is for Anne V. I am afraid I will destroy your last name or turn it into a Norwegian name if I dare to pronounce it.
When I read your beautiful paper, I had tears in my eyes, not only because I was stopped at the airport and felt the hard wall of bureaucracy rise up before me and therefore couldn’t attend this conference, but because in your paper, a genuine dialogue has already taken place between us, and such dialogues should always lead to more dialogue and out of such dialogues, whether in a psychoanalytic setting with its particular frame or between friends and colleagues, change happens.
Because a book is only read by one person at a time, it is an intimate exchange between writer and reader, and, as a writer what one hopes for more than anything is to be understood, to communicate not only thoughts but feelings that resonate inside the other person. To know that such a resonance has happened with you brings me joy. There is an artist in everyone who can play. Winnicott once said that some patients have learn how to play or learn how to play again. That play happens between one person and another, both in art and in psychoanalysis. It is not always light-hearted. It is often heavy and serious, but it is inventive play nevertheless. And when things are going well, in both a work of art and in psychoanalysis, we are able suddenly to see things anew, to discover what we didn’t know before, but which is suddenly recognizable. The key is that it would never happened without the book, the painting, the piece of music, or the analyst. The recognition happens in the Between.
1 Hustvedt Siri, Un monde flamboyant, Actes Sud, 2014, p.124 ;
The Blazing World, Sceptre, 2014, p.111: “We are all mirrors and echo chambers of one another.”
2 Hustvedt Siri, Les yeux bandés, Actes Sud, 1993, Babel n°196, 1996, p.200;
The blindfold, London, Sceptre, 1992, p.160: “the echo chamber of the ancient pool.”
3 Hustvedt Siri, Un été sans les hommes, Actes Sud, 2011, p.24;
The Summer Without Men, Sceptre, 2011, p.13: “I had the thought that my mother was a place for me as well as a person…. But it was my mother herself whom I had come home to. There is no living without a ground, without a sense of space that is not only external but internal – mental loci.”
4 Hustvedt Siri, « Mon père/moi », in Vivre, penser, regarder, Actes Sud, 2013, p.108 ;
“My Father/myself” in Living, Thinking, Looking, Sceptre, 2012, p.72: “My own mother’s face, her hands, her touch and voice, have resonated in me all my life and have became part of a legacy I carried with me to my own daughter, an inheritance, which is like music in my body, a wordless knowledge given and received over time”.
5 Hustvedt Siri, Tout ce que j’aimais, Actes Sud, 2003, Babel n° 686, p.367;
What I loved, Sceptre, 2003, p. 297: “the formulas of explanation that fall short of reality and the inadequacy of symbolic surfaces”.
6 Julien François, De l’être au vivre, Gallimard, 2015, p. 108-114.
7 Hustvedt Siri, Louise Bourgeois, in Vivre, penser, regarder, Actes Sud, 2013, p.344;
Louise Bourgeois, in Living, Thinking, Looking, Sceptre, 2012, p.251: “The Cells gives us enchanted access to that fragile topos where memory and fantasy merge.”
8 Bourgeois Louise, In and out, 1995.
9 Hustvedt Siri, Un monde flamboyant, Actes Sud, 2014, p.150;
The Blazing World, Sceptre, 2014, p.136: “We designed smaller rooms with itsy-bitsy figures and somewhat larger ones. No one of them told clear stories. They were all as murky as dreams”.
10 Bourgeois Louise, The last Climb, 2008, Ottawa.
11 Bourgeois Louise, Precious Liquids, 1992.
12 Hustvedt Siri, Un monde flamboyant, Actes Sud, 2014, p.54;
The Blazing World, Sceptre, 2014, p.44: “Each ‘story’ was lit from inside to create an ‘eerie‘ light”.’
13 Hustvedt Siri, Un monde flamboyant, Actes Sud, 2014, p.228;
The Blazing World, Sceptre, 2014, p.210: ’The Suffocation Rooms “features two large stuffed figures, a chest, and a creepy wax character that might have popped in from another galaxy”.’
14 Blanchot Maurice, L’espace littéraire, Gallimard, 1955.
15 Hustvedt Siri, Les Bostoniennes in Plaidoyer pour Eros, Actes Sud, 2009, p.180;
The Bostonians in A Plea for Eros, Sceptre, 2006, p.150: ‘I have lived with James’s characters and stories for many years, and they do not leave me. They have become part of who I am.’
16 Hustvedt Siri, Les Bostoniennes in Plaidoyer pour Eros, Actes Sud, 2009, p.181;
The Bostonians in A Plea for Eros, Sceptre, 2006, p.151: ‘Henry James knew that it was heartbreakingly difficult to capture the flux of experience in words, to articulate the riddle of human feelings and actions, but this was precisely his ambition, and I, as one of his faithful readers, love him for it.’
17 Green André, L’aventure négative. Lecture psychanalytique d’Henry James, 2009, Paris, Herman, coll. Psa, extrait de la Préface
18 Hustvedt Siri, Les Bostoniennes in Plaidoyer pour Eros, Actes Sud, 2009, p.180;
The Bostonians in A Plea for Eros, Sceptre, 2006, p.151: ‘Art is for the extension of live, which is the novel’s best gift.’
19 Hustvedt Siri, Elégie pour un américain, Actes Sud, 2008, p. 11 ;
The sorrows of an American, New York, Picador, 2009, p.1: ‘I think we all have ghosts inside us, and it’s better when they speak than when they don’t’.
20 Hustvedt Siri, Yonder, in Plaidoyer pour Eros, Actes Sud, 2009, p.40;
Yonder in A Plea for Eros, Sceptre, 2006, p. 28: ‘books, fictions that are no less part of me than much of my own history.’
21 Hustvedt Siri, Ma drôle de tête, in Vivre, penser, regarder, Actes Sud, 2013, p.55;
“My strange Head”, in Living, Thinking, Looking, Sceptre, 2012, p.32: ”I have been fond of Lewis Carroll’s Alice since childhood. She may have started out as words on a page, but now she inhabits my inner life (…) where she continues to grow and shrink and muse over who in the world she is”.’
22 Hustvedt Siri, ”Mon père/Moi”, in Vivre, penser, regarder, Actes Sud, 2013, p.122;
”My Father/myself” in Living, Thinking, Looking, Sceptre, 2012, p.82: “Reading is an internal action. It is the intimate ground where, as my husband says, ‘two consciousnesses touch’. I would add two unconsciousnesses as well”.’
23 Hustvedt Siri, « Extraits d’une histoire du moi blessé » in Plaidoyer pour Eros, trad. Actes Sud, 2009, p.266;
“Extracts from a story of the wounded self” in A Plea for Eros, Sceptre, 2006, p.228: “I am afraid for writing, too, because when I write I am always moving toward the unarticulated, the dangerous, the place where the walls don’t hold. I don’t know what’s there, but I’m pulled toward it”.
24 Lacan Jacques, Discours de Rome – 2 et 28 septembre 1953, p.258: « L’inconscient est cette partie du discours concret en tant que trans-individuel {je souligne}, qui fait défaut à la disposition du sujet pour rétablir la continuité de son discours conscient ».’
25 Hustvedt Siri, « Images anciennes », in Vivre, penser, regarder, Actes Sud, 2013, p.352;
“Old Pictures” in Living, Thinking, Looking, Sceptre, 2012, p.257: “a foggy emotional and sensual resonance”.