I prefer not to

(in nederlands)

par Vincent Magos

(Extrait)

Quand il fut question de prendre des responsabilités institutionnelles, la première chose qui me vint à l’esprit furent les mots de Bartleby “I prefer not to”. Melville propose le personnage d’un employé de bureau qui, du jour au lendemain, répond à toute demande par ce doux refus “I prefer not to”.
Certains virent dans cette nouvelle une calme résistance à l’autorité. J’y vois plutôt une fort belle illustration de ce que peut être la pulsion de mort dans sa version “déliaison”. D’ailleurs, l’histoire se termine mal: Bartleby devient clochard et finit par mourrir; et Melville de clore son texte par “Ah! Bartleby! Ah! humanité!”
Seul le narcissisme (ou besoin de pouvoir) viendrait-il s’opposer à la déliaison? Les choses ne se penseraient-elles qu’en termes individuels? J’ose espérer que non.
La question perpétuellement posée à l’École est celle de la transmission de la psychanalyse qui ne peut se concevoir que de manière institutionnelle, collective.
Il n’est jamais suffisant de nommer des responsables et puis de vaquer à ses affaires personnelles. L’Ecole n’existe pas sans le travail de chacun. Comment alors collectivement penser et organiser cette transmission?
Que pouvons-nous inventer pour dépasser ensemble le  “I prefer not to” que chacun a envie de répondre à un moment ou un autre?
Sachant que les réponses surmoïques du type “Yes we can” ne tiennent pas la route, il nous faut inventer quelque chose, inventer sans cesse.