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2022-2023: Pourquoi la guerre? Séminaire inter-associatif

Responsable(s): Vincent Magos (EBP) et Nicole Zucker (SBP)

Bruxelles

Revenons à l’année 1932. Dans toute l’Europe, les effets de la première guerre mondiale sont loin d’être effacés. En Ukraine, Staline organise une famine qui fit plus de 3 millions de morts (1). En Allemagne, le parti nazi gagne les élections, Hitler sera nommé chancelier l’année suivante.

A la même époque, Albert Einstein est membre de la Commission internationale de coopération intellectuelle. Cet organe de la Société des Nations rassemble des intellectuels et artistes afin de promouvoir la paix et un nouvel humanisme.

Le 30 juillet, Einstein entame un dialogue épistolaire avec Freud qui lui répond deux mois plus tard dans le texte que nous connaissons aujourd’hui : Pourquoi la guerre ?

Nous connaissons la suite : malgré l’annulation des dettes de l’Allemagne (toujours la même année), la guerre et ses horreurs advint.

Néanmoins dans les années qui suivirent nous avions cru avoir construit un univers qui empêcherait son retour : l’ONU aux pouvoirs plus étendus remplaçait la Société des Nations, les concepts (2) de crime contre l’humanité et de génocide furent forgés, le tribunal pénal international créé…

De la Palestine, du Vietnam, du Cambodge, du Biafra, du Rwanda, de l’ex-Yougoslavie, de la Syrie, du Yemen,… nous avons pudiquement considéré qu’il s’agissait d’affaires intérieures et que nos barrages finiraient par contenir la violence. Il n’en est rien, aujourd’hui (en fait depuis 2014) un pays aux frontières reconnues de tous (y compris de l’agresseur) est envahi et les horreurs reprennent. Comme le rappellait le Président Zelensky le 8 mai 2022 : alors que nous avions affirmé « Plus jamais ça », nous y revoilà plus que jamais.

Nous sommes 90 ans après la lettre de Freud et une fois encore « le triomphe sur la violence par la transmission du pouvoir à une plus vaste unité, amalgamée elle-même par des relations de sentiments. » (Freud) est en échec. L’ONU, pas plus que la Société des nations, n’a pu empêcher la guerre.

Alors, que faisons-nous aujourd’hui du texte de Freud ? Il nous a semblé utile de repartir de cet écrit qui constituera le point de départ de notre séminaire, d’autant que certains points restent d’actualité : le tiers détenteur de la violence d’État, les liens entre pulsion de mort et pulsion de destruction… Point de départ, à examiner avec les avancées de la psychanalyse aujourd’hui et la nécessité de les mettre en relation avec les apports des sciences sociales ainsi que notre examen de l’actualité…

A titre d’exemple :

  • Si l’on considère que le système démocratique et ses conflits internes entre différentes tendances correspond à la névrose(3), que faire face aux attaques totalitaires, aux attaques des liens (doctrine Gerasimov, complotisme, trumpisme…) ?
  • A des degrés divers, de nombreux pays ont pu effectuer un travail de mémoire (4) : l’vis-à-vis vis-à-vis de son passé nazi, d’autres pays eu égard à la collaboration. Il n’en va pas de même en Russie où la terreur soviétique est évacuée et où ce n’est sans doute pas un hasard que l’ONG Memorial soit interdite au moment de l’invasion de l’Ukraine. Dans ce cadre, les concepts de refoulement et de retour du refoulé sont-ils féconds au plan sociétal ?

Questions et programme de travail seront déterminés en septembre.

Modalités de travail : Le séminaire se tient en petit groupe présentiel et plus largement en distanciel.

  • En présentiel : le groupe rassemble Anne Englert, Emanuele Ferrigno, Eric Fraiture, Valérie Leemans, Vincent Magos, Nadine Vander Elst et Nicole Zucker. La participation à ce groupe se fait par cooptation. Il se réunit un vendredi par mois de 11h 00 et 14h00 à Bruxelles (nous déjeunons ensemble). A tour de rôle, chaque séance est organisée sur base de la lecture commune d’un texte et sous la responsabilité d’un membre du groupe.

Dates : 8 Septembre, 14 Octobre : 14, 18 Novembre, 9 Décembre, 13 Janvier, 10 Février, 17 Mars, 14 Avril, 26 Mai, 23 Juin

  • En distanciel: Certains travaux du groupe seront mis sur le forum de transitionnel.org. Les personnes qui y sont inscrites pourront les lire et commenter s’ils le souhaitent.
  • Des lectures complémentaires (facultatives) sont évoquées servant de toile de fond au travail, notamment :
    • (1) Snyder Timothy, Terres de sang
    • (2) Sands Philippe, Retour à Lemberg
    • (3) Bollas Christopher, Sens et mélancolie
    • (4) Schwarz Geraldine, Les Amnésiques
    • Grossmann Vassili, Tout passe