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2022-2023: La confidentialité, la première Qualité du soin psychique

Responsable(s): Geneviève Monnoye

Bruxelles

Geneviève Monnoye

« Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui » disait le philosophe Paul Ricoeur.
Le professionnel du soin psychique est ce passeur de soi à soi, cet autrui respectueux de ce cheminement intérieur par la parole. Il est responsable (dans le sens de répondre de) de l’intimité́ psychique de celui qui se confie à lui. Ce « for intérieur » est plus intime que les données confidentielles. Cet intime n’est quelquefois que pressenti. Les limites de l’intimité fluctuent dans le temps ; ses frontières varient aussi d’une personne à l’autre. Cette intimité n’est pas objectivable. L’intimité ne se fossilise pas dans un DPI, elle ne s’ébruite ni ne se partage.

Quel sera le métier[1] indispensable à notre pratique, à notre métier de tisserand de la parole ? Quel cadre autorisera le processus de soins psychiques ?

Notre cadre de travail se bâtit à l’aide de deux matériaux incontournables : la confidentialité́ et l’engagement. Nous engageons notre responsabilité́ de praticien du soin psychique, nous qui tissons la parole, dans la confidentialité́, et ce, quel que soit le media utilisé.

Dans le champ de la santé mentale, le DPI et son partage intempestif – même s’il relie des collègues poursuivant un même objectif – sapent le fondement du soin psychique, cette promesse de confidentialité, ce pacte de soins qui autorise la parole.

Jusqu’il y a peu, notre clinique se référait à des balises juridiques et déontologiques fiables. Le devoir de se taire était le principe ; parler était l’exception. Les exceptions au devoir de secret professionnel sont balisées par le Code pénal. Le partage du secret professionnel n’est pas une exception, il n’en est qu’une modalité !

D’autres balises (code pénal, RGPD et l’éclairage qu’en donne l’Autorité de Protection des Données, les repères déontologiques et éthiques) canalisent drastiquement cette modalité du secret professionnel. Les logiciels proposés les prennent-ils en compte ?

Notre responsabilité se joue à deux niveaux :

Au-delà du respect de la vie privée, nous sommes responsables de la deuxième finalité du devoir de secret professionnel, à savoir la protection de la relation de confiance dans les professions de la santé mentale. Si nous ne faisons preuve de vigilance, nombreuses seront les personnes qui renonceront aux soins psychiques ou qui, pour le moins baîllonneront leur parole. Notre responsabilité est engagée dans le respect de notre fonction sociale de confident nécessaire.

Notre responsabilité professionnelle est engagée à un autre niveau encore : comment un être humain, pourrait-il se subjectiver en présence d’un professionnel qui serait perçu comme un instrument, instrument bientôt instrumentalisé par un algorithme ?

Les objectifs de ce groupe de travail seront triples : approfondir les valeurs que nous défendons, en épingler les arguments juridiques, éthiques, déontologiques et dans chaque situation singulière, soutenir la responsabilité du praticien.

Un résumé information-réflexion interne à l’EBP serait une des perspectives de ce groupe de travail.

Modalités : pour des raisons politiques, nos réflexions éviteront un vocabulaire doctrinaire.

Quand : de septembre à décembre, 1X/mois, jour à préciser. Samedi matin éventuellement .

Qui : ouvert aux membres de l’École et à quelques personnes extérieures.